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Le modèle INSULA, une réponse coordonnée pour l'accès au logement

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Dans le cadre du projet Rights First visant à faciliter l’accès aux droits sociaux aux personnes vulnérables, notre équipe de partenaires est allée à Barcelone pour étudier le modèle de partenariat développé par le projet Insula.

Insula project                            

En 2018, quatre organisations qui travaillaient de manière indépendante ont décidé d’unir leurs forces pour faire face à une difficulté commune : l’augmentation du nombre de personnes sans-abris dans un contexte d’inflation du prix des loyers à Barcelone.

 

Ces quatre partenaires ont le même but, celui d’apporter des réponses communes aux besoins de ces personnes, notamment dans les domaines de l'hébergement et de l'emploi. C’est ainsi que naît le projet Insula : un projet innovant puisque, pour la première fois, des organisations sans but lucratif travaillant pour les sans-abris unissent leurs forces pour former un réseau de soins résidentiels. 

Pour que la réponse soit complète et réaliser une approche globale pour l’accompagnement des personnes (accompagnement social, accès au logement, soutien financier et amélioration de l'employabilité et de l'accès au marché du travail), chacune des entités s’implique sur la base de leur expertise et de leurs expériences respectives :

  • Sant Joan de Déu : Créée en 1979, c’est une entité de référence dans l'action sociale en Catalogne. Elle travaille notamment dans le droit au logement, offrant une prise en charge complète et personnalisée aux personnes sans abri. Entité coordinatrice du projet Insula, elle s’occupe également de l’accompagnement socio-éducatif des bénéficiaires.
  • Fondation Mambré: Elle agit pour répondre aux besoins de logement et d'emploi des sans-abris. Dans le cadre du projet elle a pour mission de rechercher des logements, formaliser les contrats et renouvellement, encaisser les loyers, entretenir les logements et gérer les aides au loyer.
  • Caritas : C’est une organisation catholique qui vise à accueillir et à travailler avec des personnes dans le besoin pour les autonomiser. En tant que partenaire du projet insula, elle est chargée du soutien psychologique et de l’accompagnement légal.
  • Fondation Formacio i treball : Le but de cette organisation est de former et d'employer des personnes menacées d'exclusion sociale et de gérer la livraison de vêtements, de meubles et d'autres équipements ménagers aux familles vulnérables. Elle intervient dans le projet Insula pour personnaliser le suivi, supporter les bénéficiaires dans la recherche d’emploi et dans leur intégration au sein d’une entreprise.

 

Les points forts du projet Insula.

Après avoir rencontré ces acteurs et longuement échangé avec les représentants sur leur alliance et leur mode de fonctionnement, voici les trois points que nous avons retenu :

1)      La pertinence d’une méthodologie qui distingue le droit au logement et l’accompagnement social.
Photo insula                     

Insula veut apporter une réponse qui préserve l'autonomie des personnes et valorise leurs compétences et leurs ressources. Pour cette raison, le projet ne traite pas seulement de l'accès au logement, mais leur offre également un soutien social, un soutien économique et une amélioration de l'emploi et de l'accès au marché du travail.

 

Il se base donc sur la méthodologie Housing first tout en insistant sur l’importance d’un accompagnement social personnalisé : les personnes dans la rue ont des besoins différents et ne peuvent pas recevoir les mêmes services. C’est pourquoi le projet sépare le soutien social et l'accès au logement. La sécurisation du logement est le point de départ pour améliorer de nombreux autres aspects de la vie des bénéficiaires.

2)      L’importance d’identifier les phases de l’accompagnement social

Le type d’accompagnement des bénéficiaires est adapté tout au long de la prise en charge à travers la définition de différentes phases. Les personnes ont besoin d'un soutien plus ou moins proche selon les étapes qu’ils traversent. Pour répondre au mieux à ce besoin, les partenaires identifient trois phases qui requièrent chacune différentes intensités de suivi et d’intervention :

  • Phase 1 : Écoute et détection des difficultés. Ces difficultés peuvent se traduire par la barrière de la langue ou des difficultés de compréhension (environnement, réseautage), des difficultés à retenir les informations…
    Type d’accompagnement : Visite tous les 15 jours et un appel minimum par semaine
  • Phase 2 : Création d’un plan d’accompagnement sur mesure. En fonction des difficultés identifiées, les partenaires définissent un plan relatif à la gestion économique, formation et/ou situation professionnelle, réseau relationnel, situation de l'emploi, état de santé, gestion du logement…
    Type d’accompagnement : Visite une fois par mois et appels ponctuels.
  • Phase 3 : Consolidation des acquis pour accompagner vers l’autonomie complète. L’objectif est ici de consolider la situation économique, le réseau relationnel/familial stable, la stabilité d'emploi, la stabilité de la santé, l’autonomie dans la gestion du logement, la liaison avec des supports externes…
    Type d’accompagnement : Visite une fois par mois et/ou appel téléphonique.
3)     La nécessité d’un lien de confiance réciproque entre les différents acteurs.

Ce point a été longuement souligné lors de la présentation du projet car le niveau de confiance est un aspect essentiel à la réussite d’une telle association. En effet le secteur social parle de partenariat depuis un moment, mais sur un point opérationnel la foi dans le projet et dans les entités qui y participe est essentielle.
Les quatre partenaires nous expliquent qu’ils fonctionnent finalement comme une chaîne de production : ils séparent le processus d’accompagnement en différentes phases dans lesquelles chaque travailleur effectue une tâche spécifique, et entretiennent de forts échanges pour garantir la fluidité du processus. A titre d’exemple, les informations sont partagées entre les organisations et chacune est responsable de les mettre à jour. Elles sont donc toutes pleinement impliquées dans le processus et travaillent avec un principe de transparence pour la réussite de leur projet commun.

 

Seul, on va plus vite. Ensemble, on va plus loin.

Pour mesurer le succès de leurs accompagnements, le système d’évaluation lie à la fois indicateurs quantitatifs (situation économique) et qualitatifs (santé physique et mentale, niveau de cohabitation au sein de la maison et avec le voisinage, perception de soi…).
« Le principal indicateur de succès reste lorsque les gens cessent d’avoir besoin de nous ! », plaisantent-ils.

Lorsqu’on évoque les défis de demain, les partenaires d’Insula s’accordent à dire que ce système n’est cependant pas durable car il ne s’agit que d’une réaction à un problème plus profond. Faire prendre conscience du problème de logement qui se cache derrière celui de l’itinérance reste donc leur principal défi pour l’avenir.

 

Photo training barcelona  

Une adaptation possible au sein du paysage Bruxellois ?
C’est l’objectif du projet Rights First, co-financé par la Commission Européenne et la COCOM. Il vise à repenser le processus actuel d'accompagnement et repose sur trois grands axes : l'accès au revenu minimum, des solutions de logement et d'emploi. Coordonné par Bruss’help, il implique nos partenaires bruxellois DIOGENES, Hobo, l’Ilot et le New SamuSocial, et est supporté par les formations de Sant Joan de Déu et de Crisis.

 

Un grand merci à Sant Joan de Déu et à ses partenaires pour ce partage d’expérience inspirant. Nous rentrons à Bruxelles la tête pleine d’idées nouvelles pour mener à bien notre projet.

 

 

Toutes les informations divulguées ne reflètent que l'opinion de l'auteur. Dès lors, la Commission européenne n'est pas responsable de l'usage qui pourrait être fait de ces informations.

 

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