Dénombrement 2024 : Focus sur les profils et trajectoires des personnes sans chez-soi
Le rapport final du huitième dénombrement des personnes sans chez-soi en Région de Bruxelles-Capitale est désormais disponible. Après la publication en avril des premiers résultats quantitatifs en avril dernier, faisant état de 9.777 personnes recensées, soit une augmentation de 24,5 % depuis 2022, ce deuxième volet approfondit l’analyse qualitative des profils et trajectoires des personnes concernées.
Grâce à l’implication de 72 structures partenaires, 5.134 questionnaires ont été collectés lors de cette édition, soit quasiment le double de l'étude pilote réalisée en 2022. Ces informations précieuses permettent d'affiner la compréhension des réalités vécues par les personnes sans chez-soi ainsi que les dynamiques de précarisation sur le territoire bruxellois.
Hébergement d’urgence : une solution provisoire devenue permanente
Parmi les répondant·e·s en hébergement d’urgence, 1 personne sur 4 vit sans chez-soi depuis plus de deux ans. Ce chiffre témoigne d’un phénomène de fixation dans l’urgence dans des dispositifs initialement pensés pour accueillir temporairement, dans l’attente de solutions pérennes. En l’absence de portes de sortie structurées vers le logement, les centres deviennent par défaut des lieux de vie, souvent inadaptés aux besoins sur le long terme.
Femmes seules avec enfant(s) : précarité et invisibilité
1 personne sur 10 rencontrée dans les structures est une femme seule avec enfant(s). Ces situations soulèvent des enjeux spécifiques : ces femmes sont souvent invisibles dans l’espace public, hébergées de manière précaire chez des proches ou dans des dispositifs provisoires. Elles cumulent instabilité résidentielle, isolement, absence de solutions adaptées et exposition accrue aux violences. Leur prise en charge nécessite une attention spécifique et des réponses structurelles tenant compte des réalités genrées de la précarité.
Privation de droits et absence de statut
1 personne sur 4 est privée de titre de séjour, ce qui entraîne une exclusion quasi totale des droits fondamentaux : pas d’accès à un revenu de remplacement, pas d’accès à un logement ou à un accompagnement social, ni aux soins de santé.
Cette situation de non-recours institutionnalisé maintient des centaines de personnes dans une logique d’urgence et d’invisibilité, avec des répercussions graves autant sur leur santé physique que mentale. Elle pose également des défis majeurs aux professionnel·le·s du secteur, participant à la saturation des places sans portes de sortie possibles.
Le rapport complet, l’infographie avec les chiffres clés, ainsi que la vidéo du webinaire de présentation des résultats sont disponibles sur notre site.
Nous remercions vivement l’ensemble des professionnel·le·s, institutions et associations qui ont participé à réunir ces données, qui sont nécessaires pour renforcer les plaidoyers sur le terrain et pour outiller l'action publique.